vendredi 1 février 2019

Peut-on désirer autre chose que d'être heureux ? [2/2]

Sérieusement ?
Lorsque nous avons quitté Kant la dernière fois, nous en étions restés à l'idée que le devoir importe davantage que le bonheur puisqu'il constitue une fin digne de l'homme. Cette dignité s'explique par deux raisons. D'abord, la raison humaine n'est pas réductible à un simple instrument de calcul - la raison instrumentale - au service de fins égoïstes, mais elle est une puissance pratique. Autrement dit, le pouvoir de choisir  le Bien en soi (das Gut) au détriment du bien pour nous (das Wohl). Ensuite, la maxime du devoir est limpide et l'impératif catégorique tranche par sa clarté intrinsèque. C'est ce que l'on ne peut pas ne pas faire. Si je trouve dans la rue un porte-feuille rempli de billets, je sais que je ne dois pas le garder. A contrario, le désir de bonheur nous plonge dans le dédale des impératifs hypothétiques : si je fais x, il se passera y ; mais si je fais z... tout cela, sans aucune certitude quant au résultat de nos actes. Faut-il alors considérer que l'affaire est jugée et le bonheur indigne de nous ?