lundi 7 avril 2008

Chapitre vingt-troisième : « La spiritualisation du désir »

L’injonction «Deviens ce que tu es» implique une nouvelle dimension ontologique, c’est-à-dire une nouvelle manière de concevoir l’être. Alors que Dieu représente l’Être suprême, figé dans son éternelle existence, pur reflet d’une projection inversée de la vie, l’individu, qui refuse cette fixation à laquelle tend le prêtre ascétique, s’ouvre au devenir. L’être redevient mobilité et, par-là, puissance d’innovation. Mais, encore faut-il rester fidèle au devenir, c’est-à-dire au désir qui en est la figure. En effet, se focaliser sur l’objet du désir revient à oublier l’instabilité du monde et manifeste une tendance propre à l’ascétisme, qui est de chercher l’objet qui contentera et apaisera le désir. Sur ce point, si l’individu cherche de quoi satisfaire son désir infini, il est certain qu’il se fourvoie en le cherchant sur terre, car Dieu seul peut lui procurer cette délivrance: il est la substance infinie qui remplit l’abîme sans fond de son désir. Le désir terrestre s’écarte donc doublement du désir ascétique: 1° il ne cherche plus dans un arrière-monde l’objet de son désir; 2° il ne cherche plus d’objet à son désir, si ce n’est le désir lui-même.

dimanche 6 avril 2008

Chapitre vingt-deuxième: «Deviens ce que tu es»

L’affirmation de la vie, sous l’espèce de la volonté de puissance, ne revient pas uniquement à reconnaître la valeur principielle de la vie, au détriment des individus. L’idée est plutôt de reconnaître que la rencontre entre la volonté de puissance et l’individualité, en laquelle elle s’incarne, produit sans cesse de prodigieuses concrétions. La lutte des instincts, que suggère l’idée de volonté de puissance, trouve alors un théâtre particulièrement fécond dans l’individu.