samedi 8 mars 2008

Chapitre neuvième : « L’homme, cet animal (1) »

Insensiblement, le nietzschéisme nous contraint à l’abandon des critères traditionnels de l’évaluation, puisqu’il s’est avéré qu’ils relèvent d’une interprétation particulière, en l’occurrence ascétique. Or, il n’est pas question de déclarer fausse une telle interprétation, car cela reviendrait à faire usage de critères réputés caducs, en l’occurrence celui de vérité. Nietzsche se contente donc de resituer l’interprétation ascétique dans le champ des interprétations et nous devons nous garder d’appliquer à la critique nietzschéenne des mesures qu’elle se propose justement de subvertir.

vendredi 7 mars 2008

Chapitre huitième: « La valeur des valeurs (2) »

Nous pouvons dès à présent dresser un bilan provisoire de notre travail archéologique concernant la valeur des valeurs. Alors que nous cherchions à dépasser le point de vue de l’idéal ascétique, censé évaluer les comportements selon des critères absolus tels que le bien et le mal, nous avons exhaussé le critère déterminant la signification du «bon» et du «mauvais». Celui-ci tient à une évaluation moribonde de la vie. Nous comprendrons plus tard les conséquences d’une telle découverte, mais elle implique dans l’immédiat de ne pouvoir tenir l’idéal ascétique pour une interprétation «fausse» de la vie, à la façon dont elle s’est cru «vraie».

jeudi 6 mars 2008

Chapitre septième : « La maladie »

Après un détour qui nous a permis de saisir ce que recouvre la notion de vie, reprenons le fil de notre interrogation concernant la valeur des valeurs. Celle-ci, disions-nous, trouve son origine dans une certaine évaluation de la vie. Or, nous savons désormais à quel genre d’interprétation nous avons affaire. En effet, le rapport ascétique à la vie consiste à dénigrer l’existence en la décrétant mauvaise, car variable et rude. Mais, ce qu’il importe de débusquer, ce n’est pas tellement l’interprétation ascétique en tant que telle, plutôt sa prétention à valoir absolument. Nous retrouvons ici l’idée rebattue selon laquelle on ne critique pas tant les valeurs dans l’absolu que l’absolu dans les valeurs.

mercredi 5 mars 2008

Chapitre sixième : « L’idéal ascétique »

La condamnation de la vie n’est pas imputable au seul christianisme mais, d’une manière générale, à l’idéal ascétique. Aussi Schopenhauer prononce-t-il une sentence similaire, tout en refusant d’emprunter les voies d’une rédemption par la grâce. Ce qu’il faut donc éviter, c’est la réduction du nietzschéisme à un brutal déni de la religion. Rien n’est plus faux. D’une part, parce que Nietzsche ne critique pas l’interprétation chrétienne pour elle-même, mais pour autant qu’elle se donne comme absolue ; ainsi, on ne conteste pas tant les valeurs que l’absolu des valeurs.

mardi 4 mars 2008

Chapitre cinquième: « La valeur de l’existence »

Si l’on considère que la description que Nietzsche donne de la vie reprend pour l’essentiel les thèses de l’idéal ascétique, cela nous permet de poser une question fondamentale, à savoir : «Quelle est la valeur de l’existence ?». En effet, si le monde n’est que souffrance, qu’avons-nous besoin de vivre ? Que vaut une vie de peine et de déception ? Pris dans le cycle du désir qui nous porte irrémédiablement vers de nouveaux objets puis nous laisse sombrer dans l’indifférence de la satiété où plane la morne lassitude de la satisfaction – l’ennui ! –, révélant ainsi la vanité de notre prédation tout en nous contraignant sans cesse à vouloir ; pris dans cette tourmente, que vaut l’existence ? Mieux vaudrait ne jamais être né ou bien s’abîmer dans le néant plutôt que de vivre ainsi.

lundi 3 mars 2008

Chapitre quatrième : « Qu’est-ce que la vie ? »

Pour saisir le sens que Nietzsche donne à la notion de «vie», il nous faut consulter Schopenhauer, car c’est au contact de son chef d’oeuvre, Le monde comme volonté et représentation, que s’élabore la vision nietzschéenne des choses, sur fond d’admiration et de rejet. En effet, si Nietzsche s'avouera finalement contre son maître, c’est qu’il aura toujours demeuré tout contre lui. Mais, pour l’instant, quel constat Schopenhauer dresse-t-il sur l’existence ?

dimanche 2 mars 2008

Chapitre troisième: « La valeur des valeurs (1) »

Depuis les découvertes de Darwin et la mise en lumière de la notion d’évolution, il n’est plus possible de considérer que les choses n’ont pas d’origine. Cela vaut pour les valeurs morales. Mais, la question «Que valent nos valeurs ?» prend rapidement l’allure d’un abîme, puisqu’il s’agit d’exhausser l’origine de la morale. Cependant, point n’est besoin de remonter à la nuit des temps; il suffit de se livrer à une archéo-logie de la morale. Cela signifie qu’il faut retrouver le principe (archè) des valeurs morales. De la même façon que les archéologues fouillent le sol et grattent la terre pour exhumer les vestiges d’anciennes civilisations, il va nous falloir chercher sous les valeurs elles-mêmes la raison de leur existence.