samedi 29 mars 2008

Chapitre seizième: «Les forts et les faibles»

Dans la morale du troupeau prend place l’homme façonné par Euripide, Socrate et tous ceux qui représentent l’idéal ascétique. Mais, cette grégarité présente une conséquence insoupçonnable à première vue. En effet, l’Occident vit, selon Nietzsche, au rythme de l’idéal ascétique, c’est-à-dire de la morale chrétienne. L’Occident se résume donc à un vaste troupeau d’esprits christianisés et affaiblis par des siècles de domination ascétique. Or, cette agrégat ne manque pas de laisser subsister, à côté de lui, des hommes qui ne courbent pas l’échine face aux valeurs ascétiques; des hommes qui, selon Nietzsche, reconnaissent la volonté de puissance en des temps chrétiens. Ces hommes sont proprement ceux que l’on peut appeler les forts, puisqu’ils ne cautionnent pas l’idéal ascétique. Ils sont forts parce qu’ils acquiescent à la vie et l’acceptent telle qu’elle est.

vendredi 28 mars 2008

Chapitre quinzième: « La morale grégaire »

Faire retour à Sophocle, c’est affirmer la puissance de l’homme, celle qui se manifeste dans son acquiescement à la vie telle qu’elle se présente, jusque dans ses aspects les plus redoutables. La souffrance ne sera jamais, pour Nietzsche, la conséquence d’une faute obscure, qu’il faudrait expier. Le surhumain doit donc s’engager sur la voie de sa libération, en s’émancipant de la tutelle de la culpabilité et du remords. Celui-ci, en effet, se présente essentiellement comme le refus du temps, c’est-à-dire du devenir qu’incarne la vie.

jeudi 27 mars 2008

Chapitre quatorzième : « Le Surhumain »

Le nietzschéisme n’a rien d’une doctrine visant à frustrer l’homme, au prétexte qu’elle nierait sa liberté. Au contraire, en dénonçant l’illusion du libre-arbitre, elle affranchit l’homme de ses vieilles tutelles. Pour ces raisons, le nietzschéisme peut être dit un humanisme. Toutefois, Nietzsche lui-même introduit un concept propre à penser l’idée qu’il se fait de l’homme: il s’agit du «surhumain».
Le terme traduit l’allemand «Übermensch»; certains disent «surhomme», mais «surhumain» est sans doute plus juste. En effet, cette notion n’indique aucun super-homme, qui serait une sorte de superman ou de guerrier des temps nouveaux. Rien de tout cela dans le surhumain. Le terme ne vient là que pour désigner l’effort qu’il reste à faire pour surmonter l’homme mis au point par l’idéal ascétique. Le surhumain renvoie donc à une humanité affranchie du poids de la culpabilité et du mythe du libre-arbitre, une humanité fière d’elle-même et acquiescant à la volonté de puissance après l’ère ascétique.

mercredi 26 mars 2008

Chapitre treizième : « Le nietzschéisme est-il un humanisme ? »

D’aucuns se récrieront contre la négation du libre-arbitre; mais il convient d’abord de comprendre l’utilité d’une telle notion avant de s’en servir et, a fortiori, de la revendiquer. Pour Nietzsche, en effet, la liberté relève du mythe, puisqu’elle scelle irrémédiablement la culpabilité de l’homme. Sa négation n’ôte rien à la puissance du nietzschéisme, au contraire. L’homme qui reconnaît la volonté de puissance n’a que faire de la liberté, car elle l’engage sur le chemin du renoncement à soi. Or, objectera-t-on, n’est-ce pas là faire retour à l’idée de nécessité, c’est-à-dire à ce qui ne peut être autrement qu’il n’est et, insensiblement, s’acheminer vers un nouveau conservatisme?